Source : Google maps

Un parc, un jardin, un arboretum ? Que nenni ! Nous avons choisi un champ, oui oui, vous avez bien lu ; un champ. Mais ce n’est pas n’importe quel champ, non non, c’est celui de Myrtille, mais oui, Myrtille ; la chèvre de Monsieur Seguin G.

Comment, dites vous ?! Vous ne connaissez pas Myrtille ?! Dame ! Il va nous falloir rectifier cette défaillance, laissez-nous donc vous conter l’histoire du terrain au 10 rue la Roche Jano, fief de ladite biquette. Fermez les yeux, (euh non en fait, un seul ; bin oui on ne va pas lire à votre place ! ) et laissez vous guider par ces quelques lignes, votre imagination se chargera du reste.


Il fait bon vivre au 10 rue la Roche Jano, les enfants jouent sur la pelouse du stade, le sifflet retentit : la partie peut commencer. Mr G s'arrête un instant, se remémorant ses jeunes années, une mélancolie passagère, si douce à embrasser. Il reprend alors sa brouette pour en étaler le fumier.

Le potager n’est pas si grand ; à peine 300m2, mais comparativement à l’ensemble du champ de 4000m2, le travail est conséquent pour que s’épanouissent les légumes d’antan ; choux, artichauts et autres cucurbitacées.

Il ne s’agit pas seulement de fertiliser le sol fraîchement labouré ; il faut aussi entretenir la haie de charme délimitant le champ des habitations à gauche, et la plus modeste haie de buissons grossiers mêlée de ronces. Une modestie qui cache un rôle pourtant vital : une barrière contre les inconnus  bien sûr, et les fugitifs tels que Myrtille, mais aussi une barrière contre le vent et le ruissellement où vient se nicher la faune sauvage.

Il faut aussi tondre l’herbe grasse aidé de Myrtille, la chèvre, ranger le bois de chauffage, au fond, à gauche sous les abris de tôle ondulée.

Des tâches ardues, mais dont Mr G s’acquitte avec plaisir ; un bol d’air frais, un coup d’œil rassérénant du haut du terrain pentu sur la paisible vallée, et surtout la satisfaction de faire pousser ses légumes soi-même. Des légumes qu’il prend grand plaisir à partager avec les autres habitants du quartier.

 

Bien sûr, nous aurions pu choisir un parc, un jardin ou un stade bien plus audacieux. Mais c’est le charme authentique de ce champ qui a su résister aux affres du temps, qui nous a attiré.

Car l’histoire de ce champ n’est pas sans nous intriguer : que peut bien faire un champ tel que celui-ci au beau milieu d’une zone pavillonnaire, en plein cœur de Saint-Brieuc ?

Piquées par la curiosité, nous avons mené notre investigation. Quelques cartes dénichées sur géoportail n’ont fait qu'accroître notre intérêt pour cette parcelle, qui, envers et contre tous est demeurée intacte à travers les années, au mépris de toute la zone qui l’entoure, autrefois agricole et maintenant largement urbanisée.

Ayant l’envie d’en découdre et la soif d’en savoir plus, s’est coiffées de nos casquettes d’enquêtrices en chef (et la pipe au bec), que nous avons arpenté la rue pour tenter d’obtenir quelques témoignages. Après maints essais infructueux, l’une d’entre nous (la plus brillante), est parvenue à rencontrer Monsieur G, gardien des lieux.

S’il n’en est pas le propriétaire, il en connaît pourtant l’histoire sur le bout des doigts. Et pour cause, résident de la rue la Roche Jano, il connaît très bien le cousin de son détenteur : Monsieur M, son voisin, avec qui il a l’habitude de cultiver le potager, même si ce dernier ne lui offre surtout maintenant qu’un soutien moral, du haut de ses 80 ans.

Il nous raconte alors que dans les années 70’s, le terrain servait de décharge, les gens y déposaient tout un tas d’ordures qui peu à peu ont été déversées dans la vallée, polluant les terres et le cours d’eau au nom si charmant : le Douvenant.

Mais aujourd’hui, ce ne sont pas les détritus qui inquiètent Monsieur G ; le propriétaire, cousin de Monsieur M, vient de décéder. Sa maison a été mise en vente par ses héritiers, et il va sans dire que l'avenir du champ est compté, ainsi que celui de Myrtille. Quelqu’un pourrait être intéressé par la petite partie constructible du champ pour y bâtir une habitation.

La ville de Saint-Brieuc pourrait aussi y voir son intérêt nous confie Monsieur G qui espère alors que son usage restera inchangé.

Bien sûr, nous autres âmes sensibles, nous émouvons face à l’incertitude du devenir de ce bel endroit. Nous y imaginons déjà un ravissant jardin partagé, au sein duquel des échanges intergénérationnels pourraient se former.  Un lieu de rencontre entre la jeunesse venue du stade du lycée et le savoir de Monsieur G et Monsieur M. Des interventions pédagogiques pourraient y voir le jour, de même que des ateliers autour de l’agriculture biologique et de la sensibilisation au respect de l’environnement seraient les bienvenus. Un symbole en quelque sorte du triomphe de la biodiversité, préservée grâce à l’aide de petites mains vertes, sur la pollution et l’ignorance humaine. Myrtille ne serait d’ailleurs pas contre un peu de compagnie.

Mais que deviendra notre pauvre Myrtille, cela, seul l’avenir nous le dira….

Carte topographique IGN
Carte topographique IGN

Les auteurs de l'itinéraire paysager de Saint-Brieuc sont : Amélie Menuet, Mélanie Gourgouillon, Eléonore Lazarin, Odeline Combier, Laurine Berhault, Julia Pivette, Alice Koziol, Anna Dubois, Justine Salmon, Auriane Peinaud, Floriane Le Borgne, Lucille Maffre, Mickaël Le Dain, Noémie Heronneau, Sarah Fedou, Morgane Richer-Deslignes, Camille Champoiseau, Léa Tournier, Céline Pasquier, Georgi Iliev, Marie Blanchis, Elise Lemuet, Aurélien Girard, Cédric Fauron.

 

Licence 3 professionnelle Protection et valorisation du patrimoine historique et culturel / Promotion 2016 - 2017  

Dans le cadre des Travaux Dirigés "Environnement et paysages" dispensés par Caroline Guittet (docteure en géographie)

Campus Mazier

2, avenue Antoine Mazier 

22 015 Saint-Brieuc Cedex 1