Décors de vallée : le Viaduc de Toupin


Situé rue de Genève, le Viaduc de Toupin est inscrit depuis mars 2014 au Monument Historique. Haut de 35 m, et long de 179 m, il enjambe la vallée du Gouédic. Construit entre 1902 et 1904 par Louis Auguste Harel de la Noë, il avait pour vocation d'être un pont ferroviaire. Il devient accessible aux voitures en 1956. Il a été rénové en 2013.

 


Regardons autour de nous

Ici, notre prise de vue nous place au cœur de la vallée du Gouédic, en contrebas du viaduc de Toupin.

Tout d’abord, en premier plan, nous remarquons un point de végétation représenté par des roseaux à gauche, et à droite, un cours d’eau, le Gouédic.

C’est dans le second plan que nous remarquons l’objet principal de notre présentation : le Viaduc de Toupin. Sur cette photo, aucune voiture l’emprunte, il sert pourtant de voie de communication entre le centre-ville et le quartier Europe. Notre situation, en contrebas, nous permet de voir aisément son architecture et sa position dans la vallée du Gouédic. Notons également qu’il est en partie caché par la végétation, des saules pleureurs (à gauche).

Enfin, en arrière-plan, nous pouvons observer la partie haute du viaduc du Gouédic (RN12). Plus imposant et moderne que le précédent, il est lui aussi caché par la végétation. Aujourd’hui, le Viaduc de Gouédic a pris la relève et présente les mêmes fonctions que le Viaduc de Toupin. Nous pouvons, dès lors, le considérer comme la représentation moderne de Toupin.  Il représente l’axe majeur de la ville et mène à des grandes villes telles que Brest.

 

Sur la photo, certains éléments importants ne sont pas visibles. Depuis ce point de vue, dans le hors-cadre, nous pouvons également apercevoir la Tour d’Armor, la plus haute tour résidentielle de Saint-Brieuc (17 étages) datant de 1966 et le lycée Ernest Renan.

 

Quant à l’ambiance paysagère, le viaduc offre un panorama impressionnant sur la vallée du gouédic, le poumon vert de Saint Brieuc, lieu de promenade, de détente, de sport pour tous les habitants de la ville. Le viaduc, étant en partie piéton, les Briochins peuvent y venir admirer la vue et la situation vallonnée de la ville.

Depuis la prise de vue de la photographie, nous pouvons entendre le bruit des voitures sur les viaducs, mais aussi le son de la nature marqué par le chant des oiseaux ou les clapotis du cours d’eau.


Retour dans le passé

Le XIXème est, pour les Côtes du Nord un siècle de développement. En effet, ce siècle est l'âge d’or du chemin de fer des Côtes du Nord, auquel on doit de nombreux ouvrages dans la région. C’est le cas du Viaduc de Toupin, qui était sur la voie Saint-Brieuc/Moncontour. Le 21 août 1902, le Conseil Général donne son accord pour la construction de grands viaducs. Pour Toupin, les travaux commencent rapidement après. C’est l’ingénieur à la tête du service des Ponts-et-Chaussés, Louis Harel de la Noé qui est à la charge de sa conception et de sa construction. Après trois ans de construction, le pont est fonctionnel. Le 1er mai 1905, le premier train avec passagers le traverse. C’est le début de la ligne Saint-Brieuc/Moncontour. Le viaduc fait partie de l’ensemble architectural de De la Noé, transformant et modernisant la ville. Ses œuvres étaient à la fois admirées pour leur esthétique, et critiquées pour leur aspect fragile et leurs matériaux non-régionaux. Effectivement, le Viaduc de Toupin subit des attaques dont une chanson satirique sur l’originalité et le peu de matériaux locaux.

 

Dès la fin des années 1920, les premières difficultés apparaissent pour les Chemins de Fer des Côtes du Nord signant la fin de la ligne Moncontour en 1937. La seconde guerre mondiale, la concurrence de l’automobile et le déficit financier marqueront la fin du Chemin de Fer des Côtes du Nord, le Viaduc verra son dernier train à passagers le 31 décembre 1948. Les rails ne seront enlevées que 10 ans après, en 1958. Le Viaduc de Toupin commence sa deuxième vie en tant qu’axe routier.

 

Suite à de la rouille sur les armatures et le gonflement du métal qui disloque le béton, les premiers travaux ont lieu en 1934, soit 30 ans après sa construction. Au fil du temps, Toupin s'abîme dû à son béton de mauvaise qualité mais aucune rénovation n’est faite. En 2013, 500 défauts et fissures sont relevés. La municipalité a abandonné le Viaduc depuis des années, et veut le détruire. Un élu pense “qu’un pont suspendu moderne serait mieux que le vieux Toupin”. Les habitants de Saint-Brieuc ne comprennent pas pourquoi la municipalité ne souhaite pas réparer les éléments endommagés qui étaient au frais de l'assurance, et non de la ville. Les habitants, marqués par la destruction du Viaduc de Souzain inscrit au Monument Historique, ont peur que Toupin subisse le même sort. C’est pour cela que l’Association AMENO, à la mémoire de Harel de la Noë, s’est battu pour que le viaduc soit inscrit au Monument Historique. Le viaduc est inscrit au Monument Historique en mars 2014 puis rénové en 2016.


Et aujourd'hui ?

Après avoir été pendant de nombreuses années sollicité par le petit train des Côtes-du-Nord (aujourd’hui Côtes-d’Armor), le viaduc de Toupin a dorénavant un autre usage. En effet, le pont est devenu routier. Aujourd’hui, le viaduc relie deux parties de la ville : le quartier Europe et le centre-ville.

Ce pont est une fierté Briochine, plusieurs chansons lui seront dédiées comme celle de Pierre Detaille écrite en 1905. Dans celle-ci, le chanteur nous évoque différents grands ponts (Golden Gate Bridge à San Francisco; le Tancarville en Normandie; le pont d’Alma à Paris) mais celui-ci nous dit qu’il ne regrette pas de ne pas les avoir vus, mais qu’importe puisqu’il à la Pont de Toupin à Saint-Brieuc.

Ce pont est très apprécié des Briochins car il est unique, aucun pont dans le secteur n’avait eu cette architecture typique de Harel de la Noë. Aujourd’hui, nous pouvons voir aux entrées de Saint-Brieuc sur la RN12 des panneaux montrant ce pont ainsi que la mention “Saint-Brieuc, cité de vallées”.

 

Le Pont du Toupin est présent sur le site de l’office de tourisme de Saint-Brieuc. Sa page bénéficie d’un court texte explicatif. Malheureusement, il n’est pas assez valorisé. En effet, aucune visite guidée ne mentionne le pont ou la vallée du Gouédic depuis ce point de vue.

 

Depuis les récents travaux de rénovation, le Pont de Toupin a su retrouver son éclat d'antan.

 

Depuis que la gestion du Toupin a été confiée à la ville, le pont est laissé à l’abandon, s’abimant et disparaissant petit à petit sous la végétation. En 2013, des travaux ont enfin été envisagés afin de réparer les 500 fissures sur les piles et maintenir le pont en état. Cette rénovation permet aussi la circulation des voitures dans les deux sens tout en gardant un accès pour les piétons grâce aux garde-corps qui ont été ajoutés. Enfin, les lampadaires ont laissé place à une lumière provenant des barrières sur les côtés.

Le pont avant rénovation
Le pont avant rénovation
Le pont aujourd'hui
Le pont aujourd'hui

Panneau de "Saint-Brieuc, Cité de Vallée" avec comme image emblématique : le pont


Les auteurs de l'itinéraire paysager de Saint-Brieuc sont : Amélie Menuet, Mélanie Gourgouillon, Eléonore Lazarin, Odeline Combier, Laurine Berhault, Julia Pivette, Alice Koziol, Anna Dubois, Justine Salmon, Auriane Peinaud, Floriane Le Borgne, Lucille Maffre, Mickaël Le Dain, Noémie Heronneau, Sarah Fedou, Morgane Richer-Deslignes, Camille Champoiseau, Léa Tournier, Céline Pasquier, Georgi Iliev, Marie Blanchis, Elise Lemuet, Aurélien Girard, Cédric Fauron.

 

Licence 3 professionnelle Protection et valorisation du patrimoine historique et culturel / Promotion 2016 - 2017  

Dans le cadre des Travaux Dirigés "Environnement et paysages" dispensés par Caroline Guittet (docteure en géographie)

Campus Mazier

2, avenue Antoine Mazier 

22 015 Saint-Brieuc Cedex 1